jeudi 24 mai 2012

Harry Potter et la tour d’ivoire : rapport de colloque


Evidemment, n’importe quel communiqué de presse comprenant les mots ‘Harry’ et ‘Potter’ l’un à côté de l’autre va faire se transformer les yeux des journalistes en petits $ scintillants – et c’est ce qui est arrivé la semaine dernière, quand l’université de St Andrews, en Ecosse, a annoncé la tenue d’un colloque universitaire international sur l’étude littéraire des livres de J.K. Rowling. 

 St Andrews, photographiée le seul jour du siècle où le ciel était bleu

Comme on pouvait s’y attendre, les journaux angliches ont réussi à dégoter un ou deux universitaires furibards (et aux propos probablement déformés) d’un autre bureau de la tour d’ivoire, qui ont exprimé leur indignation de voir tant de Noises et de Galions dépensés aussi inutilement. Personnellement, j’aurais tendance à penser qu’en cette sombre période où étudier les lettres devient de plus en plus compliqué pour tout le monde, on ferait mieux de se tenir les coudes au lieu de se lamenter que d’autres universitaires étudient des trucs et des machins qu’on préférerait qu’ils n’étudient pas. Mais bon, c’est peut-être le genre d’attitude altruiste à la Potter que t’as du mal à développer si tu passes ton temps à lire James Joyce… (Ouh la vilaine.)

Bref, j’étais à ce colloque, où j’ai présenté un papier. Et c’était un super colloque, qui a réussi à conserver le bon équilibre entre une véritable passion pour son objet d’étude et le respect, la précision, la rigueur intellectuelle auxquels peut mener une telle passion. Je dois dire que j’étais un peu inquiète au départ, vu que ça aurait pu être la grande fête du geek vaguement intello. Pottermaniaque dans l’âme, je n’ai rien contre l’idée de porter des lunettes rondes et de me dessiner des cicatrices s’il s’agit d’aller faire la queue devant une librairie avant les douze coups de minuit, mais ce n’est pas ce que j’attends d’un colloque universitaire. Quand tu es physicien quantique ou spécialiste de Kant, ça ne pose pas de problème que tu fasses des blagues de geek ou que tu te déguises en onde et en particule : tout le monde te prend déjà au sérieux, de toute façon. Mais quand tu étudies la littérature jeunesse, tu ne peux pas te permettre ce genre d’écarts. Il faut que tu défendes ta discipline contre les forces du mal. Constamment. Comme elle le mérite.

Et heureusement, malgré quelques écharpes de Serdaigle et quelques sacs à dos Gryffondor, le colloque à St Andrews a parfaitement réussi son coup. Aucun papier anecdotique, banal, superficiel. Certaines présentations étaient même extraordinaires : une analyse impressionnante de l’expiation paternelle à travers le personnage de Rogue, une critique des stratégies pédagogiques de Poudlard et leur influence éventuelle sur la perception de l’enseignement et de l’apprentissage chez les jeunes lecteurs, deux études sophistiquées et subtiles des stéréotypes raciaux dans la représentation des elfes de maison et des goblins. Bref, c’était galvanisant, rigoureux, et non pas, comme je le craignais, complaisant ou vaguement hystérique.

Et si ça fait sourire les gens, tant mieux – mais j’espère que ça les fait aussi réfléchir. Balayer l’étude d’Harry Potter d’un revers de Nimbus 2000, ce n’est pas seulement se montrer inattentif ou mal informé. C’est tout simplement faire preuve de malhonnêteté intellectuelle. Je suis sûre – enfin, disons, j’espère – que dans quarante ans, quand je relirai mes vieux billets de blog grâce à une puce implantée directement dans mon cerveau, je rirai avec indulgence en me souvenant qu’il fut un temps où de tels colloques provoquaient l’ire de quelques vieux barbons. En attendant, j’ai hâte d’en lire les actes, et je remercie les organisateurs pour ce colloque d’autant plus réussi qu’il l’a été au nez et à la barbe de toutes les Rita Skeeter du monde.

dimanche 20 mai 2012

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe....

... dans la littérature adolescente, sans jamais oser le demander:

c'est ICI que ça se passe sur Kid You Not Podcast, le podcast que j'anime avec mon amie Lauren (qui est dans l'édition).

C'est en angliche! mais c'est bien quand même!

désolée pour le manque de billets ces derniers temps, ce sont des temps compliqués de grands bouleversements, mais bientôt le rythme normal reprendra.

 A plus! Clem