jeudi 4 décembre 2014

Des feuilles (et quelques niouzes!)

J'ai été totalement absente de ce blog pendant des semaines à cause d'un trimestre de dingue, comme d'habitude! Mais j'ai encore écrit une petite feuille de clémentine pour les Histoires Sans Fin il y a deux semaines, sur l'impératif de vérité et le statut du livre documentaire en littérature jeunesse.

Je ferai une update plus longuette à un moment ou à un autre, mais je voulais surtout passer par ici pour révéler l'adorable et punchy couverture de L'Affaire Mamie Paulette qui sortira en avril 2015!

Anges et démons, taxis et pizzas, motos volantes et chiens à trois têtes, et surtout une vieille dame qui enquête sur sa propre mort: ça se passera là-dedans, illustré par la géniale Eglantine Ceulemans!



 à très vite!

samedi 8 novembre 2014

Le narrateur non-fiable en littérature jeunesse


Cette semaine j'étais sur Les Histoires Sans Fin pour ma 'feuille' bimensuelle, et cette fois-ci c'était sur les narrateurs non-fiables en littérature jeunesse...

... ça se passe par là-bas!


samedi 25 octobre 2014

Souvenirs d'avant, et écritures d'aujourd'hui

Aujourd'hui, trois petites histoires, et quelques petites questions.

Histoire n°1: Le trou.

En bas de l'immeuble de mes parents, à Paris, là où j'ai passé la majeure partie de mon enfance, il y a un trou près du sol dans la grande porte en verre - une ouverture pratiquée, à l'origine, pour faire passer des tuyaux, mais assez grande pour qu'un enfant s'y glisse. Alors évidemment, quand j'étais petite, je passais très rarement par la porte. Souvent, j'étais déjà ressortie de l'autre côté alors que mes parents cherchaient encore leur clef - alors je leur ouvrais la porte de l'intérieur, couverte de poussière et très fière de moi.
Le temps a passé et j'ai arrêté, je ne sais pas pourquoi, de passer par le trou.
Un jour, je suis rentrée du collège et je me suis aperçue que j'avais oublié mes clefs. Pas de problème, me suis-je dit - il me suffit de passer par le trou. Mais évidemment, c'était désormais impossible - mes épaules étaient trop larges et le reste de mon corps aussi.
Ca ne m'a pas beaucoup attristée, il me semble, mais après coup, pendant plusieurs semaines, en y repensant, je me suis confusément posé la question - était-ce vraiment parce que j'avais grandi que je ne pouvais plus passer par le trou, ou était-ce parce que j'avais arrêté de passer par le trou que j'avais grandi?

Histoire n°2: La spatule.

Quand j'étais petite, j'avais une faim constante et dévorante. Mes rêves étaient remplis de nourriture: crêpes au Nutella, poulet à la crème, fromages. Je me retenais rageusement de sangloter si je jugeais qu'on avait servi quelqu'un d'autre plus copieusement que moi. S'il y avait un distributeur de bonbons dans le coin, j'avais du mal à me concentrer sur quoi que ce soit, surtout s'il vendait des Kinder Bueno. Le Kinder Bueno était mon chocolat préféré mais aussi une torture atroce, parce qu'à chaque carré il fallait faire le choix de le manger d'un coup (extase), ou de l'ouvrir comme une petite boîte et lécher la crème à l'intérieur pour faire durer le plaisir.
J'avais une amie dont la mère faisait d'exceptionnels gâteaux tous les jours. J'allais souvent chez eux en vacances, et mon amie et moi-même rôdions autour de la table de la cuisine comme des louves en attendant que sa mère ait fini de faire passer la pâte à gâteau, avec une cuillère en bois, du saladier au moule. On se jetait ensuite sur le saladier pour lécher le plat. 
Un jour, la mère de mon amie a acheté une spatule en silicone. Je n'avais jamais vu de spatule en silicone. 
Paralysées d'horreur, on a regardé l'odieux ustensile racler le saladier avec une efficacité consternante, en y laissant à peine deux ou trois maigres traînées de pâte. 
Chaque jour après l'arrivée de la spatule, au bord des larmes (j'en avais véritablement des vertiges de frustration), on a imploré sa mère de nous laisser un peu de pâte, mais elle semblait croire qu'un gâteau était fait pour être mangé cuit. 
On a élaboré le crime parfait. On a poussé la spatule jusqu'au fond du tiroir à couverts, et elle est tombée par-dessus bord, PLING! derrière le meuble, rejoignant sans doute une pile de cuillères, ciseaux et autres exilés du tiroir trop plein.
Les jours d'après, la cuillère en bois délicieusement inefficace a refait surface, et avec elle le léchage de plat. Et puis ils ont racheté une spatule.

Histoire n°3: Le château.

Ma mère était enceinte de ma soeur; je devais avoir cinq ans et demi, six ans. On avait un appartement minuscule et mes parents cherchaient un appartement un peu moins minuscule. Ils m'avaient dit combien ils voulaient dépenser pour le nouvel appartement (beaucoup plus que pour la maison Playmobil que je voulais), et je les 'aidais' en regardant les annonces dans les vitrines des agences immobilières.
 Un jour j'ai repéré une annonce pour un château à vendre. Un château! Et bien moins cher que ce que mes parents comptaient mettre dans le nouvel appartement. Un château avec des tourelles, un immense jardin et une forêt. 
J'ai écouté, sans vraiment comprendre, ma mère qui m'expliquait qu'ils ne voulaient pas de château, parce qu'ils voulaient vivre à Paris. J'ai fait remarquer que l'annonce disait que le château était proche de Paris. Ma mère a rigolé en disant écoute Clémentine, non, on ne va pas acheter de château. On va acheter un appartement à Paris.
 Je me souviens m'être dit, clairement, avec affolement, comme si cette soudaine révélation allait avoir une grande influence sur ma vie future, mes parents sont fous. Je vis avec des gens qui sont fous.

*** 


Maintenant j'ai trois spatules en silicone, et quand j'aurai enfin un boulot permanent je m'achèterai un appartement, ou une petite maison. Pas un château.
C'était 'nous' les enfants contre 'eux' les adultes à l'époque, c'était eux les bizarres et nous les normaux. Maintenant c'est un peu l'inverse - ces minuscules gens-là ne sont pas comme nous... Je n'ai plus du tout aussi faim. Je me souviens de cette faim, donc j'ai plus ou moins la patience de ne pas m'énerver absolument tout de suite quand ils chipent des morceaux de mozzarella dans la salade avant qu'elle n'arrive sur la table (arrhggg!!!!) ou quand ils font un caprice pour une glace.
Bien sûr, c'est génial de penser que je voulais vraiment un château. Génial, mais fou. 
Non? Qui est fou dans l'histoire? Je ne suis pas sûre de croire que les rêves d'enfants soient vraiment les plus purs, les plus vrais et les plus intenses. Quelque chose me dit (casquette d'universitaire) que cette idée est sans doute une jolie invention contemporaine...
Evidemment on peut écrire des histoires pour enfants d'après tous ces souvenirs, si intenses, et les écrire en faisant comme si on croyait vraiment, toujours, qu'il faut acheter des châteaux dans la vie et que tous les gâteaux doivent être mangés avant leur passage au four. 
Mais est-ce que ce serait vrai? Est-ce que ce serait honnête? Après tout... on ne fait plus ça, maintenant. 
Est-ce que ces souvenirs nostalgiques seraient vraiment nos histoires
Comment écrire pour les enfants, en ayant tellement changé? 
Faut-il écrire comme si on croyait vraiment qu'on peut encore passer par le trou? Mais ce serait laisser notre corps derrière nous, et tout ce qui l'a fait grandir...
 

lundi 20 octobre 2014

Poésie et littérature jeunesse: le grand amour

Aujourd'hui, ma deuxième 'Feuille de Clémentine' apparaît sur Les Histoires Sans Fin...


J'y parle de poésie et de littérature jeunesse. Et on y va en cliquant ici.


samedi 11 octobre 2014

Les petites reines

Il y a quelques mois, Comme des images est sorti, un an et demi après La pouilleuse, un an après On n'a rien vu venir, trois ans et quelque après mes premiers livres chez Talents Hauts, et j'ai commencé à remarquer un petit point commun entre les (nombreuses) (merci les blogueu/r/ses!) chroniques de tous ces bouquins. Ce point commun, c'est que j'en ressortais avec cette image-là:

Rrrrrrrrrrr!

Le champ lexical de ces chroniques comprend en effet généralement les mots suivants afin de caractériser ou moi ou mon écriture: 'cruelle', 'froide', 'terrible', 'glaciale', 'efficace' (ça me fait penser à un système mécanique de noyade de chatons, ça, 'efficace'), 'anxiogène', 'sanguinaire' (bon d'accord, peut-être pas), et surtout, surtout, donneuse de claques (cf: 'ce livre est une vraie claque'):

Relations habituelles avec les blogueu/r/ses
(Il est à noter que ces charmants lecteurs et délicieuses lectrices ont tout de même semblé apprécier, pour la plupart, ces grandes claques efficaces et glaciales, je dis ça je dis rien.)

Or, je vous jure que dans la vie de tous les jours je donne très rarement des claques. Bon, n'exagérons rien, je ne suis pas non plus la déesse des grandes émôtions, mais je n'égorge pas de petits colibris tous les matins pour en arroser mes Weetabix (seulement le samedi). Parfois il m'arrive de rêvasser que je cours dans de grands champs de blé habillée d'un drap blancs et de fleurs avec des chatons choux, des bébés mignons et tous les petits animaux de la forêt.

rêverie du matin

Or, il appert que les lecteurs et les lectrices aiment aussi parfois qu'on évite de leur donner des claques et qu'à la place on les fasse rire; grande leçon numéro un que j 'ai tirée de mes livres angliches. A la suite de mes deux séries rigolotes (sérigolotes) pour Hodder et Bloomsbury, j'ai donc écrit un livre rigolo (livrigolo) pour Pépix chez Sarbacane, et voilà donc que mon prochain Exprim' est presque fini et qu'il s'agit aussi d'un Exprim' rigolo! (Exprigolo)

Cet Exprigolo-là sortira donc, je suis en mesure de vous l'annoncer, en mars prochain, en même temps d'ailleurs que le livrigolo (Carambol'ange: L'affaire Mamie Paulette), et à peine un mois plus tard qu'un autre Sarbacane, un album cette fois, qui est aussi marrant (albumarrant), Lettres de mon hélicoptêtre. Donc début 2015, vous allez en avoir ras-le-bol de ma tronche parce que je serai tout le temps en train de promouvoir mes hilarantes productions. Heureusement, je vous rassure, après ce sera le calme plat toute l'année.

Voilà à quoi ressemble l'Exprigolo:


Il ressemble aussi à ça:

Il y a plein d'odeurs et de goûts à l'intérieur:

boudin aux pommes

crottin de Chavignol

tarte aux pralines
 
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Et de quoi est-il question, dans cet Exprim'-là?

  • De Mireille, Astrid et Hakima, qui ont été élues grandes gagnantes du concours de Boudins de leur collège à Bourg-en-Bresse. 
  • Du frère d'Hakima qui est l'astre du jour lui-même, mais n'est pas sorti de chez lui depuis un an.
  • De la raison pour laquelle nos trois jeunes filles n'ont pas le temps de s'apitoyer sur leur sort, car il leur faut impérativement être à Paris pour gate-crasher la garden-party de l'Elysée le 14 juillet. 
  • Du fait qu'il est logique qu'elles y aillent à vélo, en vendant du boudin sur la route.
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Donc ça s'appellera Les petites reines, et c'est un road-trip qui parle d'adolescence, de nourriture, d'espoir, d'amitié, de vignobles (beaucoup), d'amour (un peu), de philosophie aussi et même de guerre sablonneuse et de chevaux préhistoriques. Et d'une très grande passion pour le crottin de Chavignol.

Mais surtout de ce qu'on peut faire quand on se donne un but farfelu dans la vie et qu'on s'en fait un grand chapeau.

Mon surmoi éditorial en la personne de Tibo s'empresse de me faire spécifier que ce n'est PAS SEULEMENT UN LIVRE DROLE CLEMENTINE, c'est PAS SEULEMENT UNE COMEDIE OK!!!!???!!! C'est aussi plein du VRAI SENS DE LA VIE REELLE! Il y a des EMOTIONS DEDANS et aussi de la VERITE VRAIE qu'on ne trouvera jamais chez Platon !

Platon = loser
Evidemment, c'est tout à fait exact.

J'ai hâte donc que vous fassiez la connaissance de Mireille (phrase totalement cliché des auteurs qui ont un livre qui va sortir et font genre le narrateur est une vraie personne), d'Astrid, d'Hakima et du Soleil, et que vous compreniez enfin le vrai sens de la vie réelle. 

àpluche
Clem

lundi 6 octobre 2014

Aujourd'hui je blogue...

... sur le site des Histoires Sans Fin, dont le bon roi Fred Ricou m'a octroyé un petit bout pour que je lui ponde une chronique spéciale de temps en temps.

Ca s'appellera "Les feuilles de Clémentine", c'est garanti sans pépins, c'est facile à peler et ça se passe ici!

Et de quoi on parle aujourd'hui? de la tendance du roman ado illustré en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

allez-y de ma part!

dimanche 5 octobre 2014

7 idées reçues sur le métier d'auteur jeunesse

1. Premier roman publié = Premier roman écrit; ou alors, 'Tout ce qu'on écrit est publié'

Faux. A part pour deux ou trois personnes, le 'premier roman' est loin d'être le premier fini par l'individu. Souvent le 'premier roman' publié est le cinquième, sixième ou vingtième écrit par l'auteur. Et à part pour dix ou vingt personnes, les textes écrits ensuite sont loin d'être tous publiés.

La partie émergée que tu vois, c'est celle qui est pas dans les tiroirs.


2. Les écrivains passent leurs journées à écrire

Alors en fait, quand ils ne sont pas en train de faire comme tout le monde et de faire leur lessive/ sortir le chien/ se couper les ongles de pied, la vie professionnelle des écrivains est loin de n'être qu'une existence de longues heures d'écriture. Petit aperçu:

Le travail d'auteur a de plus beaucoup changé; on s'attend à ce qu'on fasse beaucoup de promotion, de visites et de correspondance en plus d'écrire des livres.

Le travail de relecture, réécriture, corrections etc. prend aussi un temps beaucoup plus important que la plupart des gens ne l'imaginent.


3. Le plus difficile dans l'écriture, c'est de trouver les idées

Non, le plus difficile, c'est de CHOISIR UNE SEULE idée et DE S'Y TENIR JUSQU'AU BOUT.

Au stade des idées, y a pas de problème, on en a dix mille:
Mais il faut en choisir une (ô angoisse!) pour le projet en cours...

... et finir l'histoire. C'est là qu'arrivent les doutes, les angoisses, les pleurs et les larmoiements au téléphone avec ta mère.

4. Une fois que t'as un éditeur c'est tranquille, t'as totalement confiance en toi et en tout

Non, c'est toujours le doute et l'angoisse, avec en plus la peur de décevoir et l'envie permanente d'aller hiberner dans une grotte pendant le reste de ta vie. La remise d'un manuscrit ressemble donc à ça:

5. On gagne beaucoup d'argent
J'exagère, bien sûr. On a rarement de quoi s'acheter du champagne.

Nan allez j'abuse. Mais la perception du grand public est tellement, TELLEMENT fausse. Le nombre de fois où on me demande si j'écris 'pour l'argent'. Juste un rappel que la plupart des auteurs ne font pas ça à temps plein (et ne le veulent pas forcément, comme moi par exemple), et que ceux qui gagnent leur vie ne gagnent pas forcément un salaire qu'on pourrait qualifier de confortable. Si vous trouvez ça pas juste, achetez davantage de livres, pas sur Amaz$n si possible, empruntez-les en bibliothèque publique (on reçoit une somme à chaque fois!), et encouragez vos enfants/ amis/ etc à faire de même. De notre côté, on essaie d'obtenir plus de droits et de reconnaissance dans l'industrie du livre.

6. On écrit poussé par l'inspiration, qui s'adosse à notre épaule et nous murmure des belles phrases

Ou plutôt poussé par la deadline, qui te murmure d'écrire encore 3000 mots avant la fin de la journée sinon tu vas pas te coucher avec une tasse de thé et le dernier Robert Galbraith.

7. Tous les auteurs jeunesse rêvent en réalité d'écrire 'pour les adultes'

Bizarrement, non, certains (la plupart) d'entre nous écrivent pour les enfants parce qu'ils trouvent que c'est une activité intéressante, enrichissante et belle en tant que telle. Et si on écrit un jour pour les adultes, c'est pas forcément qu'on a 'évolué vers' cette littérature.

Vous avez le droit de penser qu'on est des losers, mais n'allez pas imaginer que nous en sommes à nos propres yeux. Nous, ça va bien. Et vous, vous nous prenez la tête.

Juste un peu.


samedi 20 septembre 2014

Etudier les enfants surdoués: 1) La construction de 'l'enfant surdoué'

Cela fait presque un an que je travaille sur mon nouveau projet de recherche, qui concerne les représentations et les constructions de l'enfant 'surdoué' aux XXe et XXIe siècles dans les pays anglo-saxons. Je me suis dit que c'était l'occasion de communiquer un peu les bases de ma recherche et d'expliquer pourquoi c'est intéressant (et important, j'espère)...

'J'étudie la manière dont les enfants surdoués sont représentés et construits'. C'est impressionnant: ce sujet de recherche semble immédiatement attirer l'attention des gens qui me demandent ce que je fais. D'habitude, quand on est universitaire, on a plutôt l'habitude des regards totalement incrédules quand on dit ce qu'on étudie. Mais là, non - tout le monde a une opinion sur les enfants 'surdoués', et des anecdotes à raconter, et des questions à poser.  
des 'enfants surdoués' dans leur environnement naturel

Et justement, ça m'intéresse beaucoup d'écouter ce que les gens ont à dire quand je leur parle de mon sujet de recherche, parce que ça confirme souvent les conclusions des chercheurs quant aux opinions les plus répandues sur les enfants surdoués, leur identification et leur éducation - opinions qui structurent les expériences de ces enfants-là, et la manière dont ils sont perçus en société. Elles reposent en général sur deux idées centrales:
  • D'abord, on a tendance à postuler que le fait d'être surdoué 'existe', que c'est une propriété plus ou moins tangible, et en tout cas mesurable, et que les enfants surdoués sont ceux qui possèdent cette propriété. 
  • Deuxièmement, on a tendance à penser que, dans une large mesure, on est surdoué 'de naissance', que ce soit par hérédité ou non.
Cette double croyance est très courante, et de nombreuses études ont montré qu'elle domine la manière dont on perçoit les enfants dits 'surdoués'. Cependant, bien qu'elle ait eu son heure de gloire, cette théorisation de l'enfant surdoué est fausse; du moins, elle n'est plus considérée comme exacte par la plupart des chercheurs en éducation, en particulier évidemment les sociologistes, mais mêmes les psychologues l'ont depuis longtemps nuancée voire abandonnée.

Tout d'abord, le fait d'être 'surdoué' n'est pas objectif mais socialement construit, sur la base d'un certain nombre de normes historiques, (pseudo-)scientifiques, éducatives et culturelles, et le concept est connecté à d'autres, tout aussi peu objectifs, comme 'l'intelligence', la 'créativité', le 'succès', le 'potentiel', et bien sûr 'l'enfant', qui n'existent pas en-dehors des contextes dans lesquels ils sont créés et définis.

La notion d'enfant 'surdoué' dépend des valeurs d'un temps et d'un lieu, parce que ce qu'une société choisit de valoriser (et appelle, par exemple, 'intelligence') définit ce qu'elle décide d'étiqueter comme 'surdoué', et la manière dont elle choisit de cultiver cette propriété. Dans une société donnée, le 'talent' artistique peut être jugé comme qualité principale, et dans une autre, ce peut être l'aptitude aux sciences. Certaines sociétés préfèrent les gens qui sont 'bons en tout', et d'autres les individus plus spécialisés. On peut qualifier de 'surdoué' celui qui se démarque pour ses performances physiques ou de management, ou alors se restreindre aux disciplines les plus académiques.  
La moustache, signe certain de dons extraordinaires  


Deuxièmement, et conséquemment, l'idée qu'on 'naît' surdoué est extrêmement problématique. Il ne sert pas à grand-chose de débattre du fait que les enfants puissent être 'naturellement' surdoués si le fait d'être surdoué est principalement une construction sociale. On peut bien sûr parler de 'dispositions' ou de 'facilités' à l'origine, mais en fin de compte, un 'enfant surdoué' n'est rien d'autre qu'un enfant qui correspond à la définition de 'l'enfant surdoué' choisie par une certaine société à une époque donnée, selon les instruments de mesure qu'elle a elle-même élaboré dans ce but.

Et là encore, les résultats peuvent être interprétés différemment. Dans un pays A où les 10% des enfants les plus performants sont identifiés comme surdoués, il y aura proportionnellement plus d'enfants surdoués que dans un autre pays B où les mêmes échelles de mesure sont utilisées, mais où seulement 1% des plus performants sont sélectionnés. Les 9% suivants ne sont pas alors 'secrètement surdoués', ils sont juste... pas surdoués du tout. S'ils décident d'émigrer vers le pays A, il se pourrait qu'ils le deviennent.

Donc quand on parle de 'l'identification' des enfants surdoués, le terme 'identification' est problématique voire inexact. Au premier abord, on dirait qu'on essaie d''identifier' un truc qu'on a trouvé par terre, comme une fleur ou un insecte, en faisant référence à une taxonomie préétablie et inchangeable. En réalité, les aspects 'scientifiques' de la procédure (la mesure, l'identification etc.) sont entièrement structurés par la construction sociale et culturelle du concept. Et du coup, on se retrouve face à des problèmes idéologiques profonds.

Parce que bizarrement, ce qui se passe la plupart du temps, c'est que l'on 'découvre' des enfants surdoués qui sont (quelle surprise) déjà très avantagés par leur situation sociale: surtout des enfants de la classe moyenne, et surtout des garçons. Pendant la majeure partie du 20e siècle (et en grande partie à cause des tests de QI), on a pensé que ce phénomène reflétait une vérité objective, qui justifiait donc la présence au sommet de l'échelle sociale des classes dirigeantes en question. 

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L'idéal méritocratique: tout individu 'doué' montera naturellement au sommet

Les perceptions populaires du 'don' comme 'objectif' et 'inné' sont donc un problème car elles masquent le fait que ce concept est une construction, et elles normalisent indirectement l'idée que si les enfants surdoués sont aussi ceux des catégories sociales les plus aisées et les plus puissantes, eh ben, 'c'est comme ça'. Elles justifient le pouvoir en place et défendent le mythe de la 'méritocratie'.


Donc l'un des aspects de mon projet est d'étudier des textes très variés - scientifiques, éducatifs, littéraires, documentaires, journalistiques, etc. - qui renforcent ou au contraire cherchent à déconstruire ces perceptions normalisées de l'enfant surdoué. Je cherche à comprendre, notamment, pourquoi ces idées se répandent aussi facilement parmi les parents, les enseignants, les enfants et parfois les chercheurs eux-mêmes. Je m'intéresse en particulier aux liens entre ces conceptions et les dynamiques de classe et donc de reproduction sociale. 

Je signale quand même que ma perspective est à l'un des extrêmes de la perception du concept de l'enfant 'surdoué' -  je doute profondément qu'il y ait une quelconque réalité dans cette figure en-dehors de sa construction sociale; en d'autres termes, je ne crois pas que certains enfants naissent simplement avec des qualités objectives les prédisposant comme par hasard à telle ou telle tâche socialement valorisée. Cette perspective n'est pas partagée par tous les chercheurs, notamment les psychologues de l'éducation spécialisés dans l'éducation des enfants 'surdoués', mais le champ de recherches est agité de profonds débats autour de cette question depuis une vingtaine d'années.

samedi 13 septembre 2014

Ecrire pour les petits choux mignons avec des dents qui manquent

Ces jours-ci j'ai un petit bouquin anglichois qui sort, du doux nom des Royal Babysitters (les babysitters royales au cas où vraiment t'es pas doué en traduction). Je vous ferai remarquer que la duchesse de Cambridge elle-même a salué l'arrivée de ce petit bouquin en ayant l'extrêmement bonne idée de tomber enceinte d'un deuxième royal baby. Je précise que je n'ai rien à voir avec la conception de ce monarchique enfant, d'ailleurs je sais même pas comment on fait des trucs genre enfants, il paraît que c'est beurk.

faire un livre par contre c'est pas beurk faut juste taper sur des touches d'ordinateur jusqu'à ce que ça fasse des mots qui veulent dire quelque chose, ensuite tu les attaches en phrases et voilà fini

Donc ce petit bouquin marque, après mes Sesame Seade et aussi mon Pépix qui sort l'année prochaine, Carambolanges: L'affaire Mamie Paulette (où il est question d'anges et angéliquement illustré par Eglantine Ceulemans), un moment de ma cârrière littérâire fortement intéressant puisqu'il s'agit du passage de 'rhô là là Clémentine elle est sombre et politique' à 'aaaah enfin c'est doux mou mignon et chou avec des trucs où on rigole'. Je ne démens pas qu'il s'agit là d'un changement assez radical qui me ramène avec nostalgie aux lectures de mon enfance, entre Fantômette, Fifi Brindacier, Tintin, le Petit Nicolas, Tom-Tom et Nana et autres Bennett et Astérix.

ceci est un dessin mirifique d'Eglantine comme tous ses dessins d'ailleurs

Oh là tiens d'ailleurs! dis donc! je vous ai montré mon nouveau bracelet Fantômette? non? alors le voilà:
on a le droit d'être jaloux
 Revenons à nos moutons. Donc, ce billet concerne l'écriture pour les petits choux mignons avec des dents qui manquent, autrement dit les charmants mouflets que certains d'entre vous, chers lecteurs et chères lectrices, avez eu la bonne idée de produire énergiquement (j'imagine) il y a de cela sept à onze ans.


après bon il y en a certains qui sont un peu plus dérangés que d'autres, ex. ma soeur
Ce type de littérature s'appelle en Anglicheland 'middle grade fiction', et ce qui est intéressant c'est que ça décolle carrément en ce moment - non pas qu'on en écrive plus (il y en a toujours eu beaucoup) mais ce type de bouquin gagne enfin ses lettres de noblesse. Il faut dire que depuis des années, dans les pays anglo-saxons, les blogs spécialisés en littérature jeunesse et les grands prix se focalisent presque uniquement sur les albums ou les livres ados, avec un gouffre vertigineux entre les deux.

Mais il y a quelques mois, de nombreux auteurs ont commencé à faire valoir la 'middle grade fiction' ('MG' pour les intimes) comme une littérature essentielle, formatrice, pas seulement une littérature de transition. Les 'MG authors' du Royaume-Uni comme moi se regroupent désormais dans une antichambre de Twitter signalisée par son propre hashtag (#ukmg, #ukmgchat) et on a des rendez-vous secrets, par exemple à Londres ce samedi, avec notre propre poignée de main maçonnique.

En France, heureusement, il ne me semble pas que la situation de la fiction pour enfants de primaire soit aussi lamentable que dans les pays anglo-saxons. La plupart des blogs jeunesse chroniquent beaucoup de petits romans et de romans illustrés qui ciblent ces âges-là, vous ne trouvez pas? C'est mon impression en tous cas.

Puisqu'on est sur le sujet, voilà certaines choses top-secrètes que j'ai découvertes en commençant à écrire pour les enfants taille école primaire - et qui forment les joies et les contraintes de l'écriture pour les moyens-petits.
  • Comment ne pas se retrouver avec un bouquin 'pour les filles' ou 'pour les garçons'
Ca, c'est pour moi LE problème de la littérature pour cette tranche d'âge-là. Les livres pour les 7-11 ans, encore plus que pour les tout-petits ou les très grands, sont hyper divisés. Le truc classique:
- J'ai un petit neveu mais il va pas aimer vos histoires, là.
- Ben pourquoi pas? C'est des histoires de détective.
- Oui mais c'est une fille la détective, il va pas pouvoir s'identif-...raahhhhhgghhh-
- Oups pardon je vous ai arraché la tête par accident.
Le problème étant que même quand on dit et répète qu'on NE VEUT PAS UN LIVRE GENRé et qu'on écrit une histoire qu'on considère parfaitement dégenrée, l'éditeur dit oui oui bien sûr et au final on se retrouve quand même avec une couverture rose à paillettes ou bleu marine métallisé, et les chroniques se succèdent qui annoncent 'une histoire qui devrait plaire à toutes les petites filles' ou 'qui va enfin faire lire les petits garçons'.
alors que moi je veux des livres pour toutes les petites billes et tous les petits glaçons
Ca m'hallucine toujours que les éditeurs coupent volontairement 50% de leur lectorat potentiel de cette manière, mais cibler l'un ou l'autre genre est apparemment toujours une stratégie gagnante. 

Alors comment faire? Franchement, à part envoyer dix mille emails au moment de la couverture en disant retire le rose, enlève les fleurs, change la typo et bon Dieu mais ARRETE de dire aux journalistes que c'est pour les filles!!! , y a pas grand-chose à faire. Cela dit, j'ai été plus ferme avec les Royal Babysitters qu'avec Sesame, et ça a payé. Naïvement, j'avais cru que Sesame, étant une série de détective à 0% de girlytude, n'allait pas être classé en lectures pour filles. J'avais tort: une ligne de rose en haut de la couv et un personnage central féminin ont suffi à l'estampiller 'fille'. Avec les Royal Babysitters, j'ai demandé à ce qu'on centre le personnage masculin, à alterner bébés et monstres marins, et à ne mettre ABSOLUMENT PAS DE ROSE. La couv est bien plus neutre et le 'pitch' aussi.
  • On évite de commencer une histoire avec une fillette morte d'une attaque de bête sauvage
Dans la première version de Carambolanges, Nel, l'ange pilote de taxi qui fait la liaison entre terre et ciel pour accompagner les âmes défuntes jusqu'au Paradis (ou alors jusqu'à l'Enfer si c'est par exemple un criminel de guerre, une tueuse en série ou l'éditeur de Valérie Trierweiler), Nel, donc, allait chercher une petite fille de dix ans qui venait de se faire tuer par une bête sauvage dans les bois. Les deux s'engageaient ensuite dans une grande enquête pour savoir exactement ce qui s'était passé.

Or, il est apparu lors de ma première conversation téléphonique avec Tibo de Sarbacane (c'est bien, ça fait noble 'Tibo de Sarbacane' enfin il faudrait l'écrire 'Thibault' quand même) que ledit T. de S.  n'était pas à 100% chaud pour qu'on ait une héroïne de 10 ans qui s'était fait déchiqueter la moitié du cou. Malgré le fait que le bouquin préféré de T. de S. est American Psycho, c'était pas le bon contexte pour ce personnage.
pas pépixable en tant que tel
Alors qu'est-ce qu'on a fait? Tibo a suggéré de transformer la gamine de 10 ans en vieille dame de 93 ans. Non seulement on contournait le petit problème de l'héroïne gamine toute morte, mais en plus on avait un personnage beaucoup plus comique dans l'aventure (une mamie en taxi volant, c'est mieux qu'une petite fille en taxi volant). J'ai donc réécrit l'histoire entière, et l'innocent flirt de Nel et de la fillette s'est changé en relation avec une sacrée grand-mère.

En Angleterre les prescripteurs sont hyper sévères sur ce qui est acceptable ou pas en termes de violence, de mort et de souffrance dans les bouquins pour primaire. En gros, la violence imagée ou grotesque à la Tex Avery, ça passe; la violence réaliste, non. Dans mon Royal Babysitters, le roi envahisseur veut maintenant transformer ses ennemis en boulettes de viande (OK pas de problème), alors que dans la première version du manuscrit il voulait les éventrer (ouh là non).

Un jour une libraire m'a dit, à propos du premier Sesame Seade, qu'un parent lui avait dit que quand même, elle est très violente cette phrase: 'Je me suis dit que quelqu'un l'avait peut-être coupée en tranches comme une aubergine pour une ratatouille'.

Les comparaisons à base d'agression envers les légumes sont donc à proscrire.

  • Parent qui rit, parent à moitié dans ton lit
Enfin bon, j'ai pas spécialement envie d'avoir des moitiés de parents dans mon lit, merci bien (sauf toi, là au fond, pourquoi pas) mais ceci est LA stratégie gagnante: faire rire l'heureux géniteur.

J'imagine (n'étant pas dotée d'une tripotée de mini-moi) que de devoir raconter des histoires à ton mouflet à huit heures et demie du soir alors que tu as envie 1) d'aller raconter à ta moitié que ce connard de Dulac a encore eu une augmentation et pas toi, 2) d'aller lire la liste de trucs Buzzfeed que t'as vu en diagonale postée sur le profil Facebook d'un pote, 3) de noyer ta crise de la quarantaine dans un verre de quelque chose, ça fait que tu n'es pas extraordinairement motivé pour lire un chapitre de plus de Choupinet Loulou, le lapin blanc qui avait une toute petite queue en forme de boule de coton.
pensée secrète: "Si je trouve l'auteur je le tue"
Alors que si tu lis un truc où il y a des blagues juste pour toi, parent, hé ben t'es content et ensuite, à la sortie des classes, tu dis au père de Malo et à la mère de Lola que ce bouquin-là, il est rigolo alors allez-y prenez-le et cachez Choupinet Loulou sous un meuble. Donc oui, contrairement à pas mal de gens je pense qu'il n'y a pas de mal du tout à mettre des blagues d'adulte dans un bouquin pour enfants, surtout si le bouquin va probablement être lu par les deux à la fois (niveau CP/CE par exemple). Du moment que le parent n'est pas le seul à mourir de rire pendant que le gamin trouve ça puissamment ennuyeux, où est le problème?
  • De l'action, de l'action, de l'action
Quand on commence à écrire pour cette tranche d'âge, on s'aperçoit vite que de l'action, on peut en mettre partout: dans le corps du texte, évidemment, mais aussi dans les dialogues, dans les didascalies, dans les illustrations (les illustrations des Royal Babysitters par exemple font intégralement partie de la narration), dans les titres de chapitre, dans les onomatopées, même dans les descriptions des lieux et des personnages. On apprend à écrire 'en mouvement', avec élan, parce qu'il faut que l'aventure continue.

Au début, peut-être, on a quelques inhibitions parce que ce genre de récit ne semble pas assez 'psychologique' ou profond. Mais en fait, il peut tout à fait l'être, parce que même en étant constamment dans l'action on peut avoir...
  • ...des récits qui 'résonnent'
Vous vous souvenez de vos lectures à cet âge-là? Les relectures acharnées, pour la millième fois, dans le bain, dans un hamac, sous une table, dans la voiture? Pourquoi ça vous intéressait tellement, ces histoires de balades en forêt et de combat contre les méchants? Pas seulement parce que les scène d'action étaient bien décrites - mais parce qu'elles faisaient écho, symboliquement, à vos préoccupations enfantines.

L'arbre sans fin, Claude Ponti

Les bouquins pour cette tranche d'âge, même quand ils sont en apparence seulement pleins d'action et d'aventure, peuvent 'résonner' extraordinairement parce que ces péripéties symbolisent des processus de développement tout ce qu'il y a de plus psychologique. Les voyages, les monstres et les royaumes lointains, les forêts profondes et les combats d'épées remplacent en littérature pour les petits le discours indirect libre de la littérature pour les plus grands.
  • Des histoires 'totales'
Dans les livres pour enfants de primaire, il y a souvent, je trouve, une sorte de totalité narrative où la caractérisation des personnages est entièrement en phase avec l'histoire, qui elle-même est entièrement en phase avec le style, etc. Le livre fonctionne comme un microcosme où tout se tient: Fantômette est 'avec' Framboisy et 'avec' le style de Chaulet, il y a une espèce d'indivisibilité de ce genre de récits, très proche du conte même si le livre est résolument contemporain.

pas de Framboisy sans Fantômette, ni de Ficelle sans Boulotte
Alors évidemment, on a peut-être moins d'interstices, de désagréments, de disjonctions dans ce genre de livres que dans la littérature ado par exemple où rien ne se tient - où le protagoniste est rarement en phase avec son environnement, et le langage 'cassé' trahit les incertitudes de cette tranche d'âge-là. Mais pour les plus jeunes, c'est cette totalité que je trouve grisante et charmante, la totalité d'un monde qui se tient encore et où on explore et on joue avec des questions importantes, sans briser tout à fait encore la bulle qui le contient.

Bon j'en reste là, mais je compte sur vous, chers auteurs 'middle-grade', pour me dire en commentaire ce qui vous attire dans ce type d'écriture.

mardi 9 septembre 2014

L'arbre à blobs

Parfois je m'émerveille de trucs que si ça se trouve tout le monde connaît depuis des siècles. Bon, tant pis, je me lance quand même: vous connaissez ça?


Ca, c'est un Blob Tree, un poster illustré utilisé en classe et en thérapie, qui a été inventé dans les années 80 par des enseignants angliches. L'idée étant que les enfants ont parfois du mal à exprimer ce qu'ils ressentent, soit parce qu'ils n'ont pas les mots, soit parce qu'ils sont perturbés par un événement. Donc on leur montre l'arbre à blobs (les blobs sont les petites créatures) et on leur pose des questions. Qui est le blob qui te ressemble le plus en ce moment? Avec lequel t'identifies-tu le plus? etc. L'arbre peut représenter une situation ('Dans la cour de récréation, tu te sens comment?') ou simplement quelque chose de plus général. Le gamin peut ensuite soit montrer le personnage, soit coller un aimant ou une gommette dessus, et en parler ou pas à l'enseignant/e ou psychologue. On peut aussi s'en servir pour poser d'autres questions ('qui voudrais-tu être?') et parler d'aspirations, de projets, de peurs et de moments de transition. Il y a d'autres posters avec des ponts, des stades, des rues, etc - pas seulement des arbres.

Bref, c'est tout con comme principe mais ça me frappe par sa simplicité et sa sensibilité. Comme il y a de l'interprétation des deux côtés - l'enfant n'attribue peut-être pas la même signification au bonhomme allongé par terre que l'enseignant/e - on n'est jamais dans la compréhension directe, bien sûr, mais d'un autre côté, c'est comme ça aussi la communication, et c'est comme ça aussi les sentiments - chez les adultes comme chez les enfants, on n'est pas transparent à soi-même. Avec le Blob Tree, cette approximation est là, et ce n'est pas 'grave' - c'est juste un fait. 

Voilà, juste un mini-billet sur cette petite découverte du jour (en corrigeant des thèses de master, comme quoi...)

lundi 1 septembre 2014

La rentrée en 9 points et demi

1) Je suis allée à Rome cet été. J'ai vu du beau, du bon et du rigolo:

mon petit doigt et un gros doigt

ceci est la plus belle chose du monde

apparemment les anges faisaient déjà des bulles à la Renaissance

un plafond fort kitschounet
2) Je suis allée à Stockholm pour un colloque. Le colloque était bof, mais Stockholm, le contraire:

joli temps, n'est-ce pas?

N'EST-CE PAS??

collègue en train de se noyer (ou de poser pour ma photo) dans la Baltique

3) Dans le Pas-de-Calais, j'ai vu un touriste allemand murmurer à l'oreille des phoques:
les trois points noirs c'est des phoques
4) J'ai reçu mes exemplaires de mon dernier livre angliche en date, le tout petit et tout mignon The Royal Babysitters, premier d'une série de 4! Il porte au nombre de onze mes livres publiés à ce jour, + 2 sous pseudonymes, donc 13! j'espère qu'il ne me portera pas trop malheur.

la clémentine en crochet veille

avec ses grandes soeurs anglaises, les 3 Sesame Seade
5) J'ai fini le premier jet de mon (j'espère) prochain roman ado. Il est très sombre et horrible et il est question d'enlèvement, de racisme, de vidéo volée et de crime passionnel NAN JE DECONNE c'est une comédie!! tu te rends compte??? une comédie! oui comme je vous le dis. Pour une fois on pourra plus dire, gnagna Clémentine elle fait que des livres sombres bouh la vilaine elle est d'une cruauté vraiment d'une cruauté cette jeune femme en plus elle est méchante et je suis sûr qu'elle mord. Non madame! Clémentine parfois elle fait des livres pas sombres! voilà madame! il y en a un peu plus je vous le mets et en prime un teasing d'indice de la mort qui tue d'où ça se passe:
si tu sais pas où c'est, ben bientôt tu sauras.

6) Je repars mercredi. Où donc? Mais là: au salon du Livre Sur les Quais à Morges, sur le bord du Lac Léman en Suisse. J'y rencontrerai des enfants qui ont lu La louve, j'y rencontrerai des auteur/es que je connais virtuellement, j'y retrouverai d'autres que je connais pour de vrai déjà, bref ça risque d'être un peu fun.

Ceci est La louve. Comme ce splendide album a été injustement victime d'une non-attention de tout le monde au profit de Comme des images sorti en même temps, je me permets d'en refaire la pub éhontée. C'est un livre stupéfiant de magnificence grâce à Antoine Déprez. Des gens très bien, comme Anne Loyer d'Enfantipages et Ricochet, sont d'accord qu'il est fort réussi. D'ailleurs tous les exemplaires sont partis en trois minutes chrono au dernier salon que j'ai fait. OK c'est bon t'es convaincu tu l'aimes tu le partages tu le lis à tes petits neveux? Merci.

7) En parlant de La louve, t'sais qu'elle va être traduite en italien? Moi je trouve ça:


8) Côté universitaire, j'ai rendu mon bouquin et il sortira début 2015 (je vous entends déboucher le champe à cette nouvelle fortement intéressante). Je commence un nouveau mini-projet de recherche (toujours dans mes recherches sur la précocité): les "pushy parents", en d'autres termes les parents qui "poussent" leurs gamins "surdoués". Ca c'est marrant, et je vous en reparlerai.

9) Après la Suisse, je me ré-enterre dans mes couvertures d'hiver et dans mes bouquins et sous mes piles de copies à corriger, mais j'espère bien reprendre les billets hebdomadaires de ce blog.

9 et demi) Petit teasing des prochains billets de blog! Bientôt, on se (re)parle peut-être: d'anges, de lectures, de podcasts, de conseils d'écriture (lol), de jargon universitaire (ou pas), des tout petits lecteurs, de chatons mignons, de nouvelles technologies, de Simone de Beauvoir, d'armée de sirènes-robotes, de philosophie de l'enfance, de recettes de cuisine et du dernier gagnant du Booker Prize.

ça fait rêver, hein!
Multibises!

Clem

mercredi 16 juillet 2014

Niouzes pépixiennes

Oh la vilaine ça fait encore longtemps qu'elle a pas mis à jour son blog! Désolée les potes et potesses mais j'étais en écriture intensive de livre universitaire, ainsi que d'articles et autres machins et trucs, bref la routine. 

Cependant, voici quelques nouvelles pépixiennes d'envergure interplanétaire!

D'abord et pour commencer, je suis en mesure de vous annoncer le nom de l'illustratrice, et là j'entends déjà tous les jaloux et toutes les envieuses qui vont hurler hein quoi mais c'est pas juste, moi aussi veux, etc. Allez-y, allez-y, vous pouvez y aller, parce que l'illustratrice n'est autre qu'Eglantine Ceulemans, qui est quand même LE coup de coeur d'à peu près dix millions d'auteurs sur Facebook depuis qu'elle y a débarqué avec ses dessins mirifiques à mi-chemin entre Roser Capdevila et Tony Ross. 

Oui, oui, je sais, la vie est injuste, mais peut-être qu'un jour, vous aussi, vous aurez un livre illustré par Eglantine... côman? vous voulez voir les croquis qu'elle a déjà réalisés pour Mamie Paulette et Nel, les deux personnages principaux? Allez, OK...




Hein, ce n'est pas assez? vous voulez aussi voir les anges de la mort en grosses cylindrées qui poursuivent Nel et Mamie à travers les nuages?


Bon, pour le reste, il faudra acheter le Pépix alors hein!

Mais là je vous entends dire... MAIS COMMENT IL S'APPELLE LE PEPIX???????

Alors, *roulement de tambour*, nous avons trouvé un titre... de série! Oui, car il est possible, juste possible, qu'il y ait d'autres aventures angéliques, sait-on jamais...

Et ce titre, c'est CARAMBOL'ANGES, et je vais vous décevoir car c'est, heu, mon père qui l'a trouvé. Non non, promis, pas de népotisme, c'est juste qu'il en a proposé à peu près treize millions, écrasant totalement la concurrence, vous voyez... 

Le premier Pépix s'appellera donc: Carambol'anges: L'affaire Mamie Paulette, tout simplement!

Mais bon, évidemment, vu que c'est mon père, il aura un exemplaire gratuit d'office, logiquement, donc je vais quand même donner un exemplaire du livre à celle qui a proposé un titre qui était à deux doigts de nous convaincre: Mamie Cyclone. C'est Dominique, qui recevra un exemplaire gratuit à la sortie du livre!

(Bon et puis y aura un concours, hein, comme d'hab, mais ça c'est dans longtemps.)

Tibo peut être rassuré, mon père n'a pas spécifiquement l'intention de voir une photo de lui en maillot de bain. Mais voici quand même l'alphabet grec en moins de 15 secondes (en moins de 10 secondes même), avec spéciale cacedédi au padre puisqu'il est tout à fait aussi capable de le réciter à cette vitesse-là, et c'est d'ailleurs lui qui me l'a appris (on transmet des savoir utiles de génération en génération chez les Beauvais):


Allez, bises à tous, MERCI MILLE FOIS POUR TOUS LES TITRES, et à la prochaine!

Clem