mercredi 25 juin 2014

Comment augmenter sa productivité (à défaut de sa joie de vivre)

Oui, je sais, un mois! (ou presque)... mais je bosse, je bosse, je bosse. Les étudiants en licence ont fini, les étudiants en master continuent. J'ai des articles à écrire en anglais et en français, un livre universitaire à finir, deux romans ado en cours, et des piles de documents administratifs à compléter, lesquels je lorgne d'un oeil plein de hargne. Cependant, j'avance comme je peux, et la preuve c'est que je suis même en mesure de vous livrer un billet mercredial.

Mais avant, un teaser: il se pourrait qu'on ait trouvé un titre pour l'angélique Pépix! Je vous tiendrai au courant. En attendant, voici le billet du jour.

Le billet du jour concerne la productivité. La semaine dernière, j'ai écrit en angliche un billet de blog déplorant le fait qu'il est impossible, dans la sôciété âctuelle, d'écrire lentement. Deux amis m'ont demandé après coup que j'écrive un autre billet de blog pour expliquer alors comment être plus productif. 

Ca m'embête un peu, parce que la 'productivité' est mère, sinon de tous les vices, au moins de quelques-uns. Il est très facile de rendre les gens plus productifs en cultivant chez eux depuis la plus tendre enfance un sentiment constant de culpabilité, une sourde angoisse, un manque de confiance en soi, un pessimisme non démenti quant à l'avenir, ainsi qu'en leur mettant la barre trop haut: c'est la base du système éducatif français, après tout.

Bref, j'ai envie de dire: tu veux être plus productif? Tricote-toi une ambition démesurée, auto-flagelle-toi jusqu'au sang dès que tu estimes que tu ne travailles pas assez, trouve des gens bien meilleurs que toi et compare-toi à eux en permanence, et dis-toi que tu ne trouveras jamais un boulot. Dans ces conditions, il est fort possible que ta 'productivité' augmente largement.


En d'autres termes, merci de prendre note que bien qu'il s'agisse d'un billet d''astuces' pour être plus productif, je sais bien qu'il n'est pas neutre d'émettre ce genre de conseils, tout comme il n'est pas neutre de recommander des régimes amaigrissants.

Cela étant dit, voici quelques trucs que je trouve réellement utiles pour accroître ma productivité, c'est-à-dire, dans mon cas, se retrouver en fin de journée avec davantage de pages d'écriture (fictionnelle ou universitaire), de préférence bonnes, et/ou plus proches du publiable qu'elles l'étaient au matin.

  • Eteindre Internet.




Alors que j'écris ces lignes, un petit (1) apparaît sur l'onglet Facebook. Il faut que je vérifie de quoi il s'agit, au cas où quelqu'un m'aurait marquée dans une photo où j'apparais à demi-nue, complètement saoule et faisant du pole-dancing. Voyons voir. Ah non, tout va bien, c'est juste un mec qui m'avait ajoutée en 2008 qui envoie une invitation à tous ses amis Facebook pour son prochain concert de guimbarde. Evidemment, je ne vais pas y aller, vu que c'est à Montréal où il a déménagé récemment, mais il faut quand même que je lise la page wikipédia de l'instrument de musique en question, car il m'est soudain venu une envie dévorante de savoir qui l'a inventé. Trois heures plus tard, je me souviens brusquement que j'ai un billet de blog à écrire, sauf que maintenant il y a un petit (1) qui clignote sur ma messagerie Hotmail...


Hmm? Ah oui - Internet. Bon, autant ne pas écrire ce billet en ligne - j'ouvre un document Word. Sauf qu'un abruti profond travaillant pour Microsoft a eu l'excellente idée de rendre le fond de Word vaguement translucide en haut, donc on voit toujours Internet à travers. On guette le (1) entre 'Fichier' et 'Editer'. On guette. On guette.

Ceuzécelles qui me suivent depuis un certain temps connaissent la solution: c'est  Cold Turkey (SelfControl pour les gens un peu bizarres qui ont un Mac). J'ai écrit un billet de blog à la gloire de ce logiciel il y a quelque temps. Il te coupe Internet comme ça HOP! mais seulement les pages que tu ne veux pas voir. Comme ça, tu peux continuer à consulter les pages très ennuyeuses dont tu as besoin pour faire ta recherche, sans risque de regarder par inadvertance tous les épisodes de CamWeb (mais bon, au cas où t'aurais le temps, clique là...).


  • Pomodoro, te adoro

Quand c'est la panique totale et que j'ai mille projets à gérer en même temps qui en sont à différents stades de développement, je m'inflige plusieurs jours de technique Pomodoro. En gros, je me fixe des périodes de travail brèves, strictement chronométrées, avec des pauses entre chaque période. En théorie, ce devrait être par tranches 20 minutes, mais c'est infaisable pour l'écriture.

Personnellement, je procède par durées d'une heure ou une heure et demie, en m'interrompant immédiatement quand le temps est écoulé (oui, même au milieu d'une phrase). Après une pause, je commence un nouveau projet. Je travaille donc sur chaque projet au maximum 1h 1/2 par jour, mais j'avance dans tous les projets à la fois.

Je n'utilise la technique Pomodoro que quand je me sens dépassée par la quantité et la variété de projets que j'ai à gérer. C'est aussi plus facile quand on a toute une journée devant soi, donc pendant les vacances des étudiants.

Le gros avantage de cette technique, c'est qu'on ne bosse jamais assez sur un même projet pour en avoir ras-le-bol. C'est l'inverse: on ressort de chaque période un peu frustré de ne pas pouvoir continuer, ce qui veut dire qu'on est toujours content de retrouver le projet le jour suivant. 

  • Se donner encore plus de boulot, ou des deadlines plus serrées
Comme beaucoup de gens, je trouve que ma productivité augmente au lieu de décliner quand j'ai plus de travail à faire. C'est en partie parce qu'on a besoin de diversité, je crois - je veux bien me concentrer intensément sur mon travail six ou sept heures par jour, mais pas sur un même projet. Du coup, accepter encore plus de boulot et faire en sorte d'avoir toujours une deadline ou deux qui arrivent aide à finir ses projets.

  • Maîtriser l'art de la liste
Je liste tout, même les trucs du genre 'Répondre à l'email de X' si la réponse en question risque de me prendre plus de trois minutes. Si j'ai 20 copies à corriger, je liste les noms des 20 étudiants pour pouvoir les barrer au fur et à mesure. C'est entièrement psychologique, évidemment, mais ça donne l'impression d'être productif, et du coup on en devient vraiment productif.

J'ai au minimum 4 listes en cours, correspondant à différents domaines (écriture, recherche, tâches administratives, enseignement etc.), ce qui permet de s'y retrouver plus facilement. Comme beaucoup de gens, j'utilise les post-its virtuels sur le bureau de mon ordinateur pour faire mes listes.

  • Etre soit au travail, soit en pause.  
Le site Wait but Why l'explique parfaitement: il y a deux types de bonnes semaines: celles où on a pu 'améliorer son avenir ou celui d'autres personnes' (à sa propre échelle évidemment), et celles où on s'est amusé ou reposé. Si on a fait les deux en même temps, bingo, c'est la semaine idéale.

Entre les deux, il y a une zone d'activité lassante et culpabilisante, où on sait qu'on n'est pas vraiment en train de s'amuser, mais où on ne fait rien de particulièrement enrichissant non plus. C'est le cas, par exemple, si tu passes la plupart de la journée à répondre à des emails, à écrire deux ou trois phrases, à parcourir les actualités, à écrire un peu plus, à regarder la météo, etc. C'est fatigant et ça te donne l'impression d'être profondément naze, alors que travailler et/ou s'amuser donne de l'énergie.

Donc si tu vois que tu n'arrives pas à bosser, va jouer. Reste pas là à cliquer de blog en blog, ou à t'épiler pensivement le maillot.

  • Faire certaines tâches à certains moments
On est toujours tenté de s'occuper de certaines tâches (les plus petites, ou celles qui demandent le moins d'investissement intellectuel) avant de commencer les autres (sérieuses et/ ou longues). Mais en fait, s'en occuper directement fait souvent qu'on se retrouve à gâcher toute notre énergie dessus et à y passer trois fois trop de temps en procrastinant confusément le reste. Autant chronométrer ces activités importantes mais ennuyeuses pour ne pas y passer trop de temps, et les programmer à des moments de la journée où on n'est pas hyper frais de toute façon.
  • Utiliser tout le temps (de cerveau) disponible
Difficile de se concentrer quand on sait qu'on doit aller quelque part dans 10 ou 20 minutes, mais pour certaines tâches c'est entièrement possible. J'ai écrit la version anglaise de ce billet par tranches de 5 ou 10 minutes. Il y a toujours des tâches sur ma liste de trucs à faire que je peux gérer par petits bouts comme ça.

  • Sacrifier certaines choses
Par exemple, ce blog et son équivalent anglais. Je ne suis pas (extrêmement) angoissée si je rate un mercredi. Ou deux. Ou... euh... bon d'accord au bout de 3 je commence à angoisser.

Et toi, ami/e d'une productivité apparemment exemplaire (puisque tu as lu tout ce message au lieu d'écrire ta réécriture contemporaine des Rougon-Macquart en 18 tomes), quelles sont tes astuces pour être plus productif/ve? J'attends ta réponse ci-dessous.