mercredi 20 avril 2016

Des sousous dans la sousoupe

Tes résolutions de l'année pour soutenir les libraires:

  • Ne plus commander sur Amaz$n: 
  • Acheter plein de livres dans ta librairie de quartier: 
  • Commander les livres dans ta librairie de quartier que ta librairie de quartier n'a pas parce qu'elle n'est pas extensible comme le sac de Mary Poppins, au lieu de repartir en ronchonnant que puisque le livre que tu cherches n'y est pas tu vas l'acheter sur Amaz$n: 
  • Si tu n'habites pas en France, apporter une GROSSE valise pour pouvoir rapatrier dans ta terre d'exil toutes les nouvelles nouveautés achetées en librairie: 
  • Aller explorer les librairies d'autres quartiers 
  • Apporter des petits chocolats aux libraires ✔ 
  • Poster sur les réseaux sociaux des photos de piles de livres que tu viens d'acheter dans une librairie, avec le nom de la librairie en question 
  • Demander des conseils de lecture aux libraires, et les suivre 
T'as fait tout ceci-dessus? Well done, you're a darling. Plus qu'une seule petite chose, alors:

S'ilteplay, soutiens la libraire La Soupe de l'Espace. Tu en as forcément entendu parler: cette librairie jeunesse du Var, hyperpopulaire, a créé il y a quelque temps sur Ulule une collecte de fonds pour avoir un peu moins de pression question finance - ces derniers temps, sa soupe ne mijotait plus tranquillement, c'était un peu cocotte-minute question budget, si tu vois ce que je veux dire:

Le but de ce financement participatif est très clairement de nous aider à sortir la tête de l'eau, de sauver la librairie... 8 ans après notre ouverture, et malgré un Chiffre d'Affaires en constante évolution (et des bilans comptables positifs !), nous sommes face à une situation économique très difficile (ne le cachons pas, avec un très gros découvert).
La super nouvelle, c'est que la Soupe a récolté 46 581 £ 
au jour d'aujourd'hui (expression idiote).  

Mais pour pouvoir vraiment respirer, il faudrait encore un peu plus. 

Ajoute ton grain de sel et ton tour de moulin a poivre en cliquant ici. Mets-y le prix d'une soupe Franprix, si tu peux la couper de ton marché de cette semaine. Mais si tu as des comptes dans les banques panaméennes, par contre, sens-toi libre de donner un peu plus. 

C'est une belle cause, pas louche (ha.ha.), et c'est un moyen puissant de dire OUI aux livres, aux libraires, aux créateurs et au beau soleil du Var.

lundi 11 avril 2016

Réalités?

J'ai une passion plus ou moins secrète, enfin disons discrète, pour les peintres réalistes contemporains. Discrète en partie par manque d'expertise - je ne sais même pas si 'réaliste' est le bon terme, je n'y connais rien en histoire de l'art et aux terminologies d'usage, mais bon, comme dit l'autre, je sais ce que j'aime. Ce que j'aime, c'est ces peintures figuratives de l'ordinaire, d'une inquiétante étrangeté par excès de réalisme, mais surtout pas hyperréalistes - je perds tout intérêt dès que ça manque de failles, j'aime les perspectives juste un peu fausses, les excès de couleur, les anamorphoses bizarrement perceptibles, mais dont les raisons géométriques exactes restent indétectables.

Je collectionne donc tranquillement un petit musée virtuel au gré de mes trouvailles. Thomas Lévy-Lasne est l'un de mes peintres préférés, avec ses extraordinaires huis clos où des couples vaguement indifférents consultent leurs téléphones portables, affalés sur des meubles Ikea facilement reconnaissables, entre un Gallimard éventré et une bouteille de Coca Light. J'adore aussi Adrien Belgrand, ses hypnotiques scènes de piscine, ses liseuses concentrées, son odalisque maigrelette avec trace de bronzage, idéal féminin du 21e siècle...

Et là je reviens de Madrid ou j'ai pu attraper au musée Thyssen une exposition extraordinaire sur les peintres réalistes espagnols du 20e siècle. J'ai découvert les oeuvres d'Isabel Quintanilla et d'Antonio López, de María Moreno et Amalia Avia (entre autres). De ces peintures, je n'ai pas tout aimé, mais quand 'ça parle', qu'est-ce que ça raconte...


Isabel Quintanilla, "La pièce à couture" (1976)
Antonio Lopez, "Lavabo et miroir" (1967)

Dans un tout autre genre, j'ai aussi adoré découvrir à Madrid Joaquín Sorolla, dont il faut absolument aller voir le musée quand on en a fini avec le Prado, le Reina Sofia et le Thyssen (bon, c'est-à-dire jamais, mais il faut quand même y aller). Sorolla, tout comme Caillebotte (mon seul chéri parmi les 'impressionnistes', sans doute parce que ce n'est pas vraiment un impressionniste), a ces rendus de lumière mariés à une précision du trait qui le fait basculer pour moi du côté clair de la force.

"Le bain du cheval" (1909)

"Après le bain", 1919

Là encore, tout ne m'a pas plu, mais la brillance de certains de ses tableaux (la brillance au sens propre du terme) est bouleversante - dans l'atelier gigantesque, déjà arrosé de soleil, où de nombreuses peintures 'de plage' sont exposées, on a l'impression d'une lumière quadruplée.

Le musée lui-même est un bonheur à visiter, une goutte de verdure en plein milieu d'un quartier de Madrid où rugissent de larges avenues à angle droit. C'est l'ancienne maison de Sorolla, et son jardin est plein de toutes petites fontaines, entre ses buissons taillés au coupe-ongles, des fleurs grimpantes et des arbustes.